Muriel Robin dénonce l'homophobie au cinéma avec un appel poignant

Si le monde du cinéma crée du rêve, il sait aussi fabriquer du silence. Pas seulement celui qui suit un clap de fin, non. Le silence du septième art revêt parfois une dimension plus sombre, masquée derrière les paillettes et les tapis rouges. Muriel Robin, figure iconique de la scène française, a souhaité briser ce mutisme particulier lors d'une intervention sur le plateau de l'émission Quelle époque ! de France 2. Il y a du courage derrière ce geste, du panache, surtout lorsqu'il se mêle de dénoncer l'homophobie qui règne dans le métier d'acteur. Mais aussi, et peut-être surtout, l'absence de place pour les personnes homosexuelles.

À l'écran, Muriel Robin prête sa voix à l'évidence

Les enjeux du cinéma et de tout ce qu'il représente sont énormes. Derrière chaque rôle, chaque réalisation, chaque performance se cache une réalité souvent peu reluisante. L'homosexualité, malheureusement, s'y trouve souvent éclipsée, voire niée. « Pourquoi les comédiens se taisent tous ? J'ai connu des acteurs homos français, (...) mais on n'a jamais su qu'ils étaient homos », s'interroge Muriel Robin, véritable tour de force de la comédie à l'affiche de Lapin.

Ouvrir le clapet du silence : mission (im)possible ?

Comment peut-on briller sous les feux des projecteurs si l'on refuse de montrer qui l'on est vraiment ? C'est là l'un des reflets les plus sombres de l'industrie du cinéma. « Il n'y a pas de comédiens homos qui font une grande carrière », déplore l'actrice, qui aborde ouvertement son homosexualité dans le milieu artistique - une exception plus que la norme. À titre d'exemples, elle cite Jodie Foster et Kristen Stewart, rappelant comment l'itinéraire privé de ces actrices a souvent été escamoté.

Métier d'actrice : projecteur sur l'invisibilité

Mais c'est dans son exposé du côté sombre de la désirabilité que Muriel Robin nous offre sa lecture la plus profonde. Pour prétendre à une place dans le paysage cinématographique, il faut incarner le désir. Pas simplement l'éveiller, mais l'incarner, le matérialiser. Pour reprendre ses mots : « La jeune fille colle la photo de l'acteur dans sa chambre, le jeune homme celle de l'actrice. Il y a quelque chose de sexuel là-dedans. Quand on est homosexuel, on n'est pas désirable, on n'est pas pénétrable. Et sans cette pénétrabilité dans le cinéma, on ne vaut rien ».

Le poids des mots, la force de l'absence

Le métier de comédien exige du talent, de la passion, mais aussi une capacité à jouer le jeu de la séduction. Or, selon Muriel Robin, les jeunes comédiens homosexuels seraient condamnés à devoir renoncer à cette dimension essentielle. « Il faut dire aux jeunes comédiens [homosexuels], ils ne doivent pas faire ce métier », conseille-t-elle, avec une émotion palpable. Car oui, faire carrière dans le cinéma s'avère un défi colossal, surtout lorsqu'on doit sans cesse porter un masque qui n'est pas le sien.

Le cinéma, entre à-côtés et contre-emplois

Muriel Robin en a souvent fait les frais. Avec seulement deux comédies à son actif en trente ans, il s'avère difficile pour l'humoriste consacrée d'exister en tant que femme et actrice homosexuelle. De Jean-Marie Poiré à la série des Visiteurs, elle a souvent exprimé sa volonté de briser ces murs invisibles et de faire plus de cinéma. Mais la route est encore longue, et les défis à affronter, nombreux.