Le plus petit cinéma de France ferme ses portes

Un cocon de cinéphilie, niché au cœur d'une ancienne ferme franco-batave, le cinéma "11×20+14", vient de mettre fin à son dernier clap. Le caractère ésotérique du lieu, animé par l'engouement indéfectible de son propriétaire, a cédé et mis fin à une parenthèse enchantée de plusieurs décennies.

The End pour le plus petit cinéma de l'Hexagone

Bâti dans le noyau d'une vieille métairie du pittoresque village Mons-en-Montois en Seine-et-Marne, le cinéma "11×20+14" a tourné sa dernière bobine. Emmanuel Raspiengeas, éminent critique cinéma, a eu la douloureuse mission de relayer la nouvelle lors du week-end du 7 et 8 octobre.

Établi il y a un quart de siècle par un ex-réalisateur de France TV, Michel Le Clerc, le "11×20+14" est devenu une institution locale. Mille inconnus ont pris le plaisir de voir la magie du 7ème art se déployer chaque semaine dans sa salle de projection mono écran. "On m’avait dit que ça ne marcherait jameis", partageait Le Clerc.

Le naufrage des salles de cinéma indépendantes

Aucune salle d'art et d'essai ne paraît immune à la fragilité de cette industrie culturelle. La suppression des contrats aidés en 2017 a particulièrement affecté la survivance du "11×20+14", laissant le propriétaire et une poignée de cinéphiles désemparés.

Entre rénovation de vitraux et passion cinématographique, Benoit, l'homme derrière le projecteur, a dû contempler la fin de son double rêve. La désolation a ensuite laissé place à une pandémie mondiale, accélérant ainsi l’érosion des spectateurs.

Fin du premier acte et entrée en scène d'une initiative solidaire

Malgré un contexte mouvementé, un dernier sursaut d'espoir a brièvement animé l'édifice. Une collecte de fonds avait effectivement permis de rassembler une somme de 13 000€. Un soutien financier non négligeable pour le "11×20+14", mais insuffisant pour assurer sa perrenité.

Le statu quo des cinémas d'art et d'essai en France

Paradoxalement, certains cinémas d'art et de test font preuve de résilience face à l’adversité, enregistrant une hausse de près de 40% des spectateurs l'année dernière. Ces salles osent diffuser des œuvres audacieuses et préserver un tissu social de proximité malgré les turbulences qui agitent le secteur.

Néanmoins, les cinémas "mono écran", bien qu'indispensables au maintien d'une offre cinématographique de qualité, sont particulièrement vulnérables. Selon le Centre national du cinéma et de l'image animé (le CNC) elles sont en voie d'extinction, laissant pour beaucoup une salle vides à pleurer.

Le dernier avertissement pour les cinémas indépendants ?

La clôture du "11×20+14" souligne le défi que représente la survie des cinémas indépendants en France. Sera-t-elle le chant du cygne des salles d’art et d’essai ou une sonnette d'alarme pour réformer les aides publiques accordées à ces établissements ? C'est une interrogation qui résonne dans le silence maintenant habité par le plus petit cinéma de France.